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Les turbulences économiques continuent de secouer l’industrie des spiritueux aux États-Unis. Récemment, Stoli Group USA, propriétaire de Stoli Vodka et du whiskey américain Kentucky Owl, a déposé le bilan sous le processus du Chapitre 11, ajoutant un nouveau chapitre complexe à son histoire déjà tumultueuse.
Ce réclassement sous le chapitre 11 découle d’une série de défis cumulés au fil des ans. Parmi ces enjeux, on trouve un long bras de fer juridique avec les régulateurs russes, ainsi qu’une attaque cybernétique malveillante survenue en octobre. Cette dernière a mis à mal les systèmes de planification des ressources d’entreprise (ERP) du groupe, forçant ce dernier à recourir à des solutions manuelles pour maintenir ses opérations. C’est un lourd fardeau pour une entreprise qui jongle déjà avec des actifs s’élevant entre 100 et 500 millions de dollars, et des passifs compris entre 50 et 100 millions de dollars.
L’inébranlable volonté de Stoli
Malgré ces défis colossaux, Stoli Group USA fait preuve de résilience. L’entreprise assure que ses opérations se poursuivront sans interruption, continuant d’approvisionner les rayons des magasins en produits de qualité. Telle une forteresse résistant aux assauts répétés, elle continue, vaille que vaille, ses activités régulières.
Les difficultés de la société ont leurs racines bien ancrées dans le temps. Ainsi, depuis 1997, Stoli Vodka se retrouve dans une bataille incessante avec les autorités russes. Yuri Shefler, milliardaire d’origine russe, vend la vodka Stoli sous cette appellation sur le marché international, tandis que la Russie commercialise sa propre version baptisée “Stolichnaya”. Cette rivalité a pris un tournant encore plus aigu avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Stoli a alors pris position contre les actions de guerre russes, ce qui a conduit à l’introduction d’une Vodka Ukraine, marquant un point de rupture définitif avec Moscou. La réponse des autorités russes ne s’est pas fait attendre : elles envisagent de saisir les actifs de Shefler et qualifient Stoli ainsi que son propriétaire de “groupes extrémistes opposés aux intérêts russes”.
• Les principales raisons du dépôt de bilan :
- Conflit légal avec la Russie depuis plusieurs décennies.
- Attaques cybernétiques ayant touché les systèmes clés.
- Réduction de la demande de spiritueux post-COVID-19.
• Conséquences attendues pour Stoli Group :
- Maintien des opérations sans interruption malgré les difficultés.
- Guerre de longue haleine avec les autorités russes toujours d’actualité.
- Possibilité de saisie des actifs par la Russie.
Un parcours semé d’embûches
Fuyant sa patrie en 2002, Yuri Shefler vit actuellement en Suisse. C’est à partir de la Lettonie que la distillation de Stoli Vodka s’opère à présent. Pourtant, malgré la distance géographique et l’exil imposé, les tensions n’ont jamais cessé de croître avec le gouvernement russe, notamment après la déclaration de guerre contre les efforts de Moscou.
Outre ces imbroglios politiques, la société doit aussi naviguer dans un environnement où la demande pour les spiritueux a diminué après la période COVID-19. Cette baisse des ventes a exacerbé les problèmes financiers de l’entreprise et accéléra la décision de se repositionner sous la protection judiciaire du Chapitre 11, un processus qui devrait s’étendre jusqu’en 2025.
En effet, le recours au Chapitre 11 n’est pas simplement un énième obstacle : c’est une épreuve stratégique. Bien qu’il s’agisse d’un règlement judiciaire fréquemment mal compris, il offre à Stoli une chance significative de restructurer sa dette, de réorganiser ses opérations et, selon toute vraisemblance, d’émerger plus robuste de cette épreuve.
En volant contre vents et marées, Stoli Group USA s’efforce maintenant de surmonter ces défis nombreux et variés. Comment ce géant des spiritueux parviendra-t-il à négocier ce virage délicat ? Une chose est sûre, l’entreprise ne manque pas de détermination pour traverser le labyrinthe de ses tribulations juridiques, économiques et technologiques. Le chemin vers la restructuration semble long et semé d’embûches, mais l’espoir réside dans l’adversité et la réinvention continue.